L’Institut Universitaire Saint-Pie X : histoire d’un espoir

Mgr Marcel Lefebvre a fondé l’Institut Universitaire Saint-Pie X en 1980, à la demande de plusieurs universitaires français, à la tête desquels se trouvait Jean-Pierre Brancourt, historien du droit et spécialiste des périodes moderne et révolutionnaire.

Le fondateur de la Fraternité Saint-Pie X vit dans cette demande un signe providentiel. Il déclarait, en effet, le 27 juin 1980 à Ecône : « Nous remercions encore le bon Dieu qui nous a envoyé lui-même les professeurs dont nous avions besoin. Ce sont les professeurs eux-mêmes qui se sont présentés à nous à Paris et qui nous ont dit : “C’est cette année, ou pour nous ce n’est plus possible. Oui, vous nous employez cette année, ou nous prenons un autre emploi et par conséquent vous ne pourrez plus compter sur nous”. Que faire ? De bons professeurs, des professeurs convaincus et qui ont dit : “Désormais, après toutes les expériences que nous avons faites, nous voulons être soumis à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Nous voulons enseigner sous l’autorité de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Nous voulons que l’un de vos prêtres soit là, pour nous diriger, pour nous conseiller, parce que nous sentons que là au moins se trouve l’Église, là se trouve la Vérité”. » 

C’est ainsi que furent proposées aux étudiants, à la rentrée de l’année universitaire 1980-1981, trois disciplines : la philosophie, l’histoire et les lettres classiques. Une convention de coopération avec l’université Paris-Sorbonne (Paris IV) – remplacée depuis 2001 par un jury rectoral propre, nommé par le Rectorat de l’Académie de Paris – permit à ces étudiants d’obtenir les diplômes d’Etat, après avoir reçu une formation classique dans un cadre authentiquement universitaire.

Les raisons d’un choix

Dans la droite ligne de la formation qu’il avait reçue à Rome – parfaitement résumée par la devise du Séminaire français : Doctrina cum pietate –, Mgr Lefebvre n’envisageait pas un savoir sans piété. Pour lui, savoir sans croire revient souvent à croire savoir. Un savoir sans ordre, une science éclatée où les connaissances se juxtaposent, sans jamais s’articuler. 

C’est pourquoi il disait également le 27 juin 1980 : « Nous voudrions donner la Vérité, communiquer la Vérité aux esprits qui ne l’ont plus, qui l’ont perdue, aux esprits égarés par les fausses philosophies modernes. Que va devenir demain ce monde, s’il n’y a plus d’intelligences connaissant la Vérité, connaissant la vraie philosophie, la vraie théologie, la vraie Ecriture Sainte et par conséquent connaissant Notre Seigneur Jésus-Christ qui est la Vérité, la Vie, la Voie. » 

Dans l’esprit des âges de foi, l’Institut Universitaire Saint-Pie X, propose à ses étudiants une somme où tout s’ordonne selon la cause formelle, et non une encyclopédie où tout se classe matériellement, selon un ordre alphabétique. Pour parvenir à cette cohérence du savoir une clef de voûte est nécessaire, voilà pourquoi il est indispensable de « tout récapituler dans le Christ ». 

Ainsi formées, les intelligences peuvent passer d’une connaissance à l’autre, non de façon hachée et relativiste, à la manière d’esthètes dilettantes ou d’amateurs éclectiques, mais bien de façon cohérente parce qu’un lien essentiel réunit l’ensemble des disciplines : « logique de la foi cordiale et vivace », comme dit Verlaine.

C’est dans cette formation classique, devenue aujourd’hui particulièrement originale, que se réalise l’universalité catholique. 

Depuis sa fondation, l’Institut Universitaire Saint-Pie X a été dirigé par cinq recteurs, successivement : l’abbé Alain Lorans de 1980 à 1983, l’abbé Michel Simoulin de 1983 à 1988, de nouveau l’abbé Lorans de 1988 à 2002, l’abbé Christian Thouvenot de 2002 à 2008, l’abbé Philippe Bourrat de 2008 à 2010, et l’abbé François-Marie Chautard actuel recteur depuis 2010.